Alain Cros est de ces murs porteurs qui font un club amateur, donnant de son énergie et diffusant sa passion du ballon rond. Celui qui dirige l’école de foot Albigeoise en binôme avec Florian Berals, a coaché dans toutes les catégories depuis 1974 (Constitution du club) date son premier engagement avec les rouges et jaunes. Mais celui qui fait partie de la « vielle garde » de Bernard Espié, tire la sonnette d’alarme sur le manque de vocations bénévoles de la nouvelle génération. Pour Alain Cros, malgré sa joie que l’ASPTT FA sache allier élite et sport de masse, tout en louant les résultats sportifs de ses protégé(e)s, le patron de la formation albigeoise en appelle vivement à renouveler les forces vives qui comme lui ,commence à sentirl’usure guetter. Mais , Alain Cros n’en reste pas moins un mordu de foot , qui prend toujours autant de plaisir à transmettre ses valeurs. Rencontres, avec un éducateur, qui nous avoue, aussi que l’épopée des seniors féminines en D1F et l’essor de ce sport, sont un bol d’air frais pour lui.
Alain Cros, vous été responsable de l’école de foot de l’ASPTT Football Albigeois, où il y a les féminines qui sont un peu l’étendard, le fanion du club. Il y a aussi des garçons mais il y a aussi une école de foot qui est la mamelle nourricière de ce club. Où en est cette école de foot pour cette nouvelle saison 2019-2020 ?
Après une saison 2018-2019 qui a été, disons excellente, ça fait la 3e année qu’on est en train de redresser sérieusement la barre à tous les niveaux. Preuve en est avec les U13 où on a raté de peu la montée en U14. On a les U15 qui vont monter en Ligue, les U17 ont raté de peu la montée après avoir gagné la coupe du Tarn. On peut estimer que la saison dernière a été une bonne saison au niveau de l’école de foot. On peut espérer dans la foulée pour cette saison 2019-2020, une saison encore bien meilleure.
L’école de foot est quand même très, très importante à l’ASPTT parce-que l’ASPTT avait une vocation initiale d’éducation populaire, d’éducation de masses au sport. On essaie de faire à l’ASPTT de l’élite mais aussi surtout de faire de l’éducation de masses ?
Oui, l’école de foot de l’ASPTT a cette réputation, à savoir qu’on essaie d’allier le social à la compétition. Donc, on a des équipe de niveaux, on fait jouer absolument tout le monde. Ce qui n’est pas le cas chez tout le monde et bien, chez nous, il y a des équipes de niveaux à partir des U11, U13 et après au-dessus. Donc, les meilleurs jouent ensemble. C’est justement pour ça qu’on crée des équipes 2 et 3, pour permettre à tout le monde de jouer au football. A partir du moment où on les a engagés, on a pris leurs signatures donc on se doit de faire jouer tous ces enfants et même de s’occuper d’eux aux entraînements.
A l’ ASPTT, ce qui est bien aussi dans l’école de foot, c’est la transmission entre l’ancienne génération, la vôtre, et la nouvelle, celle de Florian Bérals. Vous êtes en binôme pour gérer cette école de foot. Pouvez-vous nous en parler un petit peu ?
Oui, moi, je commençais à arriver un peu à saturation parce que j’ai 72 ans. Donc, je commençais un peu à saturer, je reconnais que le fait que les filles soient montées en D1, ça a nous a un peu, à tout le monde et à moi personnellement , rebooster. Ca m’a donné un peu de l’envie de remettre ça. Mais il arrive un âge où on est fatigué, où on sature. Tout a changé dans les méthodes de travail. J’ai été très heureux de voir arriver Florian (Berals) . C’est un ancien jeune de l’ASPTT que j’ai entraîné. En plus, c’est un garçon de grande qualité qui vraiment a reboosté comme il faut cette école de foot au niveau sportif. Moi, je suis là pour l’aider, pour gérer tout ce qui se passe au stade, gérer tout le matériel, gérer l’organisation des rencontres sur le site de l’ASPTT, enfin de Caussel, ce qui dégage pas mal de temps libre et de disponibilité pour Florian au niveau du sportif pour tous ces jeunes.
L’année dernière, avec l’effet Coupe du Monde 2018 chez les garçons, il y a eu un afflux massif de nouveaux adhérents à l’ASPTT. La problématique, c’est que, souvent, quand il y a des afflux comme cela, de tant d’adhérents, il y a un déficit d’éducateurs. Est-ce que vous avez pu compenser et recruter de nouveaux éducateurs ?
L’an dernier, on a eu un afflux massif mais sans plus. Oui, il y a eu une belle rentrée surtout au niveau des U7, des U9 et des U11. Ce qui est d’ailleurs agréablement surprenant, c’est qu’en principe, on s’aperçoit souvent au mois de Décembre que le ballon se dégonfle et qu’entre 30 et 40% arrêtent le football parce-que ce n’est pas du tout leur truc. Mais là, on a été agréablement surpris puisque, ce qu’on peut dire, c’est qu’on a terminé la saison des U11 à 40 gamins contre 45 au départ. Sur les U9, on a quasiment pas eu de pertes, pareil sur les U7. C’est vrai qu’il a fallu qu’on s’organise, on a eu des difficultés au niveau des éducateurs, il a fallu jongler certaines fois. En plus, on a des éducateurs qui, de par leur milieu professionnel, ont été amenés à changer d’horaires donc ça nous a créé encore beaucoup plus de problèmes. Enfin, moi étant disponible, Florian aussi, avec quelques anciens comme Franck (Villepontoux), comme François Brissonnet, on a pu gérer parce-que, les jeunes, soit ils sont à l’école ou alors au travail donc, il a fallu qu’on gère. Mais on s’en est bien sortis. C’est vrai que, si on avait quelques éducateurs de plus, ça serait quand même une bonne chose.
Et puis, il y a une petite crise du bénévolat que ce soit dans tous les milieux. Que ce soit dans le handball, le rugby, le football, la nouvelle génération a du mal à s’investir dans ce bénévolat qui est la ressource principale des clubs amateurs comme l’ASPTT Football Albigeois ?
Oui, ce qu’on voit, ce sont des jeunes qui s’investissent pendant un an, deux ans. Mais bon, après, ils trouvent que c’est trop prenant, que ça crée des problèmes familiaux, ça crée des problèmes professionnels. C’est vrai que, heureusement que nous sommes pas d’anciens à être retraités comme moi personnellement, Franck, François Brissonnet. Après, ce sont des jeunes qui nous aident mais ces jeunes là ne s’engagent pas sur du long terme, le problème, il est là. Et puis, c’est vrai qu’il y a quand même ce problème professionnel chez ces jeunes. Dès qu’ils ont un travail, ils ont de gros problèmes, de gros soucis pour entraîner correctement et suivre un groupe toute la saison.
On va finir par le mot de la fin. Le mot d’ordre à quelques semaines de la reprise de l’école de foot pour cette saison 2019-2020 ?
Le mot d’ordre c’est que j’espère qu’on aura toujours un afflux aussi important de gamins, de garçons mais surtout, avec la Coupe du Monde Féminine en France, même si l’équipe de France n’a pas été aussi loin qu’on pouvait le souhaiter. Il faut quand même reconnaître que cette Coupe du Monde en France a été un joli spectacle, une super ambiance dans les stades, en dehors, partout. C’est vrai qu’à la fin de la saison, pendant l’été, j’ai eu quelques appels chez moi pour des inscriptions de petites filles. J’espère que la rentrée nous apportera, pas un afflux énorme, mais qu’on ait beaucoup plus de filles même si déjà, au niveau du club, on peut dire qu’on a entre 150 et 180 licenciées féminines. Voilà, on souhaite une très bonne rentrée avec encore quelques trous noirs au niveau des éducateurs, je pense qu’il doit nous en manquer deux ou trois. Mais les équipes principales sont quand même bien structurées avec ce qu’il faut. Mais, comme je le disais tout à l’heure, dans la mesure où on prend des enfants, il faut absolument qu’on ait ce qu’il faut à côté. On peut regretter aussi, comme tu le soulignais, cette crise du bénévolat où il y a un problème d’éducateurs, où il y a surtout aussi un problème de dirigeants, où les gens ont du mal à s’investir. On suit son enfant, on peut éventuellement s’occuper du groupe lié à son enfant mais, à partir du moment où on demande de venir s’intégrer comme dirigeant au niveau du club ou dans l’administration au bureau, là, de suite, c’est du refus parce-que les gens ne veulent pas s’investir. C’est quand même à l’image de la société actuelle, je prends, je consomme, je jette. Il y a très peu de jeunes, je prends l’exemple du conseil d’administration ou du bureau où on est quasiment que des cheveux blancs. Il y a très peu de jeunes qui travaillent, il y en a peut-être deux ou trois sur le bureau, au conseil d’administration, il y en a quatre, cinq. Sur 16, ce n’est pas beaucoup. C’est à ce niveau là qu’il y a, je pense, énormément de travail à faire. Mais je pense que la société actuelle, le milieu du travail et tout font que les gens ont du mal à s’engager.
Merci Alain, l’appel est lancé. On espère qu’à l’ASPTT de nombreux éducateurs viendront soutenir les centaines de licenciés qui viennent jouer.
On les accueillera à bras ouverts!
Propos recueillis parLoïc Colombié